Tranches de vie de Roms, loin des clichés, par Morganne PAYEN

En passant

13-10-28 - Expulsion Roms-11-web

Je suis arrivée à l’université de Lille 1 en septembre 2012. Je savais qu’il y avait des familles roms qui s’étaient installées près du métro où je descendais. Tout le monde en parlait mais je ne les avais jamais vraiment remarqué. En janvier, ils se sont fait déplacer par des CRS sur un parking de l’université en attendant une expulsion.

Ce jour là, il y avait tellement de CRS qu’on ne pouvait pas les rater. Un collectif de soutien s’est monté. Je me suis tout de suite engagée. Nous avons monté quelques projets pour aider les familles : une vente de crêpes pour acheter des couches pour les nourrissons, une collecte de vêtements… Nous avons ensuite acheté une caravane qui devait servir d’école sur le terrain où nous leur donnions des cours de français.

J’allais les voir régulièrement, pour les aider ou simplement leur rendre visite.

Je me suis liée d’amitié avec une jeune femme. Elle s’appelle Caroline, elle a 19 ans. Elle est en France depuis 3 ans et a toujours vécu à Villeneuve d’Ascq. Elle vit dans une petite caravane avec sa famille. Elle est mariée et a une petite fille de 1 an. Son mari part souvent pour travailler à droite à gauche. Elle, elle part mendier près de la Poste, à la mosquée ou près de la gare. Dans ma classe, depuis qu’on me voit aller sur le parking où elle est installée, un périmètre de sécurité s’est formé autour de moi au cas où j’aurai attrapé une maladie (la gale revient souvent). On me demande pourquoi je vais la voir avec mon sac, on me dit que je devrais me méfier. On me crache dessus aussi parfois.

En juin, Caroline m’annonce qu’elle est enceinte.

J’ai décidé de l’aider dans ses démarches administratives pour la grossesse. Vers le milieu du mois de décembre, je l’ai emmené à la maternité pour faire une échographie. Un ami nous a conduit en voiture. Ce jour là, elle me demande d’aller sur un autre terrain où d’autres familles sont installées. La caravane de l’une de ses amies a brûlé. Nous sortons de l’hôpital et nous dirigeons vers le terrain. J’essaye d’en savoir plus sur cet incendie mais Caroline n’a pas plus d’informations. Je connais ce terrain, j’y suis déjà allé plusieurs fois pour y distribuer de la nourriture.

Une fois arrivé, Caroline court vers une caravane. Il y a une odeur affreuse sur le terrain. Nous savons que ce n’est pas qu’une odeur de plastique brûlé. Je m’approche des restes calcinés d’une caravane. Elle rappelle à toutes les familles qu’il y a eu un incendie. Des enfants me reconnaissent et viennent me voir. J’en profite pour essayer d’en savoir plus sur l’incendie. Les enfants m’expliquent. La famille avait froid, elle a allumé un feu dans une sorte de cheminée qu’ils avaient construite à l’intérieur. Ils y ont mis du bois, puis de la paille. Les parents sont sortis parler avec les voisins.

Un bout de paille tombe par terre, la caravane prend immédiatement feu.

Voilà, je ne voulais pas en savoir plus, je connaissais les causes de l’incendie. Mais les enfants continuent. Une jeune fille me dit : « Il y avait un enfant dedans ». Cette information m’a fait l’effet d’une bombe. J’essaye d’en savoir plus sur cet enfant. Il a trois ans. Il est à l’hôpital, là où j’étais une heure avant pour l’échographie de Caroline. On m’apprend finalement que l’enfant est décédé.

La semaine suivante a été difficile, j’avais l’impression de sentir l’odeur partout.

Je n’arrivais plus à dormir : je voulais les aider. Il faut toujours essayer de faire face lorsqu’on s’occupe de famille vivant dans une telle précarité. Un jour, en discutant avec une amie des cadeaux de Noël, j’ai eu une idée. J’allais organiser un goûter de Noël pour les enfants. J’ai fait appel à tous mes amis. Le secours populaire a mis la main à la pâte. Ils nous ont donné du lait, des chocolats. Nous avons fait des crêpes, ramené du jus d’orange, et des vêtements. Un ami s’est déguisé en père Noël.

Je sais que ce n’est qu’un goûter de Noël mais ces enfants étaient heureux l’espace d’un après-midi. Nous avons bien ri aussi. Depuis, je vais voir ces enfants régulièrement.

Caroline a accouché le 6 janvier 2014 à 00h52 d’un petit Loucas. Elle a été relogée à Louvroil dans une chambre avec toute sa famille.

Morgane, 22 ans, étudiante en sociologie, Lille

Photo : P’tit Lu

Semaine de la Pensée Marxiste, programme à paraître dans quelques jours !

En passant

La Semaine de la Pensée Marxiste aura lieu partout en France à partir du 10 février 2014. Le programme de la Métropole Lilloise sera diffusé très prochainement sur les facs.

Loi Fioraso, exigence de rentabilité des universités gérées comme des entreprises, autonomie budgéraire, pensée dominante, l’Université Française ne permet pas d’acquérir l’esprit critique nécessaire à la réflexion et à l’honnêteté intellectuelle que nous sommes en droit d’exiger en République et en Démocratie.

C’est dans cet esprit que les étudiants communistes, à travers la France, organisent chaque année depuis quatre ans la Semaine de la Pensée Marxiste.

Elle portera sur un thème cette année à la fois actuel et historique, le Centenaire de la Première Guerre mondiale. Il y a fort à parier que cette commémoration sera l’objet de retours en grande pompe, exacerbant les idées dominantes de l’époque de revanche française, de repli sur soi, de nationalisme, bref, de caricatures.

Les étudiants communistes de la Métropole comme partout en France organiseront des conférences, expositions et diffusions de film visant à éclairer cette période historique, pour montrer notamment une vision alternative, progressiste liée à cette guerre. N’oublions pas les pacifistes, les progressistes, ceux qui ont compris, comme Anatole France, que « l’on croit se battre pour la patrie, on se bat en réalité pour les industriels et les banquiers ».

Cette Semaine sera l’occasion également pour les enseignants, chercheurs, étudiants, curieux, de se réapproprier l’Université qui leur appartient, qui n’est pas, selon nous, un simple lieu de consommation de savoirs mais un lieu d’échanges, de vie, de solidarités, de rencontres.

Excellente Semaine à toutes et tous !

Mathieu BAYART, Étudiant à Lille 2

Secrétaire du Secteur de la Métropole Lilloise – Union des Étudiants Communistes

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Le 22 juin à Lille, rassemblement contre la finance et l’austérité, pour une République sociale

En passant

Le samedi 22 juin à 11h, rassemblement à Lille – place Degeyter (métro Fives)

Contre l’austérité et la Finance, Pour la 6éme République

Le 5 mai à Paris, plus de 150 000 citoyens ont manifesté pour que cesse la politique d’austérité menée en France et en Europe, et pour que se construise une VIème République, sociale et irréprochable. Le changement proposé par François Hollande n’est pas au rendez-vous : Ça suffit comme ça ! Contre l’austérité et le chômage il faut une politique de relance, pas de rigueur. La République se doit aussi d’être celle du peuple, pas celle des banquiers et du MEDEF : il faut que les citoyens construisent dès maintenant la VIème République pour rééquilibrer les pouvoirs et conquérir de nouveaux droits.

Soumission aux politiques d’austérité européennes, cadeaux fiscaux supplémentaires de 20 milliards d’euros pour les entreprises, vote de la « loi du Medef »… la politique du gouvernement amplifie la crise au lieu de la combattre. Une crise qui se traduit pour une part de plus en plus importante de notre peuple par l’explosion de la précarité et du chômage. Dans ce contexte, la récente affaire Cahuzac met en évidence cet insupportable fossé : sacrifices et austérité pour les uns, profits et évasion fiscale pour les autres !

Des alternatives à l’austérité, c’est possible !

Pour sortir de cette logique destructrice, il y a une urgence : celle d’un changement total , rapide et concret de cap pour mettre en œuvre une nouvelle politique résolument de gauche. Une politique qui réponde à l’attente populaire en termes d’emploi, de salaire, de service public, de logement. Une politique qui restaure le pouvoir démocratique des citoyens et s’attaque au pouvoir de la finance. Car le responsable de la crise est bien la finance. La solution, ne doit pas se limiter à une seule transparence de la vie politique. Il faut en finir avec la domination des marchés financiers sur toutes les activités de la société, sur tout notre système économique et institutionnel. Il faut en finir avec le dessaisissement organisé des citoyens, des salariés sur tous les grands choix qui engagent leur vie.